Le Brésil

L’INJS de Paris, première école publique pour enfants sourds au monde, a connu dès l’origine un rayonnement international important. Des personnes de nombreux pays y sont venues pour prendre connaissance des méthodes d’éducation utilisées. Au XIXème siècle, plusieurs représentants des premières générations de personnes sourdes instruites sont allés en France et dans le monde pour aider à la création d’instituts spécialisés. C’est ainsi qu’Ernest HUET, professeur de ce qui s’appelait à l’époque l’« Institution Impériale des Sourds-Muets de Paris » a pris l’initiative de proposer à l’empereur Dom Pedro II la création à Rio-de-Janeiro d’un institut spécialisé pour enfants sourds. Sur l’invitation de l’empereur, il s’est rendu au Brésil en 1857 pour créer cette institution qui deviendra l’Instituto Nacional de Educação de Surdos (INES).
 
En septembre 2007, le directeur de l’INES a invité le directeur de l’INJS à la conférence internationale organisée à l’occasion des 150 ans de son institution.
A cette occasion, Mme Maria Luizete Sampaio Sobral Carliez, directrice de l’antenne de l’université  de l’Etat du Pará située sur l’Ile de Marajó (nord du Brésil) et présidente d’une association locale franco-brésilienne à vocation sociale, « Amis Marajó », a souhaité établir un partenariat avec l’INJS de Paris.
L’objet de cette collaboration était, dans un premier temps, de s’appuyer sur l’expérience des professionnels de l’INJS et sur la mission de diffusion des connaissances, dans l’ensemble du territoire, dévolue à l’INES par le gouvernement brésilien, pour développer l’éducation, ainsi que le suivi médical et social à destination des personnes sourdes sur l’Ile de Marajó et dans la région de Belém, capitale de l’Etat du Pará. Cette région du Brésil est pauvre et l’accompagnement des enfants handicapés y est peu développé. L’association s’appuie sur le dynamisme d’étudiants et d’enseignants dotés d’une motivation exceptionnelle pour améliorer la situation locale.
 
Suite à ce premier contact, trois stagiaires originaires de l’Ile de Marajó et de Belém ont été successivement accueillis à l’INJS de Paris en janvier, mai et septembre 2008. Ils ont pu prendre connaissance de manière très concrète de l’ensemble des actions menées à l’institut à destination des jeunes sourds. Ce sont de véritables liens d’amitié qui se sont noués entre ces stagiaires et les professionnels français.
 
En mai 2008, le projet a été présenté à l’ambassadeur du Brésil en France à l’occasion de sa visite à l’institut.
 
En septembre 2008, le directeur de l’INES s’est rendu avec son équipe sur l’Ile de Marajó, durant une semaine, pour former les intervenants locaux. Dans la foulée, des étudiants de l’Ile de Marajó ont été accueillis à l’INES pour des formations complémentaires.
A la même période l’université de l’Etat du Pará a attribué un financement à son antenne de l’Ile de Marajó pour former les étudiants aux techniques d’éducation adaptée pour les sourds et les aveugles. Il s’agit d’une action expérimentale dont l’objectif est de pérenniser cette formation dans le projet pédagogique de l’université.
 
En février 2009, un professeur de l’INJS de Paris s’est rendu successivement sur l’Ile de Marajó et à l’INES pour assurer une formation au LPC adapté à la langue portugaise parlée au Brésil.
L’ensemble de ces collaborations a aidé l’association « Amis Marajó » à développer des actions concrètes à destination des sourds de l’Ile. La mise en place d’activités collectives était le premier objectif, dans une région rurale où les sourds enfants et adultes, sont très isolés : rencontres, activités basés sur le théâtre et l’artisanat local, cours de langue des signes, alphabétisation,… Ces activités sont désormais assurées très régulièrement dans le local de l’association à Soure, chef-lieu de l’Ile de Marajó.
 
En février 2009, une convention a été signée entre les directeurs de l’INES et de l’INJS, la présidente de l’association Amis Marajó, le pro-recteur de l’université de l’Etat du Pará et le maire de Soure, en vue de pérenniser et développer toutes ces actions.
La convention se veut un cadre très ouvert permettant le développement de collaborations multiples. Elle cite un certain nombre d’actions :
 
- La poursuite des travaux sur l’histoire commune de l’INES et de l’INJS de Paris afin de compléter la biographie d’Ernest HUET,
 
- La mise à disposition de supports pédagogiques, l’organisation de formations sur place, l’accueil de stagiaires, des échanges réguliers,
 
- L’organisation d’événement, colloques, congrès, projets de recherches communes, éditions d’ouvrages,
 
- Des échanges d’élèves.
 
Cette convention permet d’inscrire dans la durée les relations étroites établies depuis deux ans de manière informelle. Le fait que la convention soit signée en 2009, année de la France au Brésil, est symboliquement important. 
 
En avril 2011, une convention a été signée entre le Docteur Carlos Edilson de Almeida Maneschy, recteur de l’université fédérale du Pará et le directeur de l’INJS de Paris. Cette convention vise à favoriser les échanges d’étudiants, de professeurs et de chercheurs, les rencontres, séminaires et coopérations dans le domaine de la recherche.
 
Des liens très forts se sont établis avec nos amis brésiliens. Nul doute que d’autres initiatives de coopération verront le jour dans les prochaines années. Les échanges internationaux nous permettent de partager nos connaissances et nos réflexions avec d’autres. Ils sont aussi une source d’innovation car ils remettent en question nos certitudes et nous obligent à nous interroger sur nos pratiques.
 

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