Le projet a été soumis à la direction par trois étudiants. Il repose sur un partenariat avec l’Institut National de Jeunes Sourds.
C’est une initiative portée par trois étudiants. À la rentrée prochaine, Sciences-Po Saint-Germain proposera un module d’enseignement inédit sur les « enjeux politiques de la surdité ». Ouvert aux étudiants de deuxième année et composé de 20 heures de cours, le séminaire sera assuré par des intervenants de l’Institut National de Jeunes Sourds (INJS) de Paris.
Cet enseignement aura vocation à sensibiliser et à former les étudiants à la reconnaissance de la surdité, à ses évolutions et à ses formes de revendications dans la société actuelle. Une proposition unique en France dans l’offre de formation d’une grande école.
Baptisé « Il suffira d’un signe », le projet a vu le jour dans le cadre de « Nés sous la même étoile ». Cette association qui vise à réduire les inégalités scolaires a été créée en octobre 2016 par Enzo Villalta, étudiant à Sciences-Po Saint-Germain. Avec Juliette Dargnies et Johan Goncalves, deux de ses camarades, Enzo a convaincu la direction de l’école de s’investir dans la mise en place de ce séminaire.
Johan Goncalves, Juliette Dargnies et Enzo Villalta, les trois étudiants à l’origine du projet « Il suffira d’un signe ». DR.
L’idée est partie d’une compétence, celle de Johan, dont le père est sourd, et qui maîtrise la langue des signes depuis l’enfance. « J’ai animé deux séances d’initiation à la culture sourde et à la langue des signes à Sciences-Po. L’idée de pérenniser cet apport nous est apparue comme une évidence. Elle est fondée sur le constat d’un manque criant dans les universités et les grandes écoles », résume le jeune homme.
« Créer des ponts plutôt que de bâtir des murs dans l’indifférence générale »
« Notre école a vocation à former de futurs cadres dirigeants. Si le nouvel enseignement dispensé par Sciences-Po peut leur permettre de faire évoluer les choses dans leur future vie professionnelle, ce sera une victoire », insiste Enzo Villalta. Lors de l’initiation proposée par Johan, Juliette Dargnies a « découvert tout un monde ». « Il y avait tant à apprendre. Tout un univers à notre portée, explique-t-elle. Ce nouveau séminaire est une manière de questionner le handicap. Il repose sur notre curiosité, notre ouverture d’esprit. »
« La mise en place de ce partenariat avec l’INJS répond à une démarche de co-construction avec les étudiants. Ils sont notre principale richesse. Nous revendiquons qu’ils soient les acteurs à part entière de leur parcours de formation, jusqu’à la vie associative », insiste Céline Braconnier, directrice de Sciences-Po Saint-Germain.
En marge du séminaire, Sciences-Po proposera aussi un cours en langue des signes française, accessible en troisième langue et destiné à l’ensemble des promotions, de la première à la cinquième année. « Créer des ponts plutôt que de bâtir des murs dans l’indifférence générale. C’est le but poursuivi, souligne Céline Braconnier. Rien n’est plus terrible que la comédie de l’entre-soi dans une école d’excellence. »
Source : Le Parisien