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Projet de développement de la Langue des Signes Mauricienne

 

Actions en faveur de la protection des Langues des Signes en danger dans la région de l’Océan Indien

 la Langue des Signes Mauricienne (République de  Maurice)

Le 4 Mai 2006, la publication du premier tome du Dictionnaire de la Langue des Signes Mauricienne (MSL) était officiellement lancée par son Hon. S.Bappoo, Ministre de la Sécurité Sociale à l’Ile Maurice.

Le 17 Mars 2007, le premier Journal Télévisé Hebdomadaire en MSL interprété à l’écran par des présentatrices Sourdes voyait le jour sur les chaînes nationales mauriciennes de la Mauritius Broadcasting Corporation.

Ces deux évènements majeurs ont participé à la reconnaissance officielle de la MSL par le gouvernement mauricien d’abord, puis par l’ONU. Ils ont été réalisés dans le cadre d’une convention signée entre le gouvernement mauricien, l’INJS de Paris, l’Ambassade de France à Maurice et l’Université de Düsseldorf pour le Développement de la Langue des Signes Mauricienne et ce, pour une durée de 3 ans, de 2005 à 2007. Ce projet œuvrait en conformité avec les Règles des Nations Unies portant sur l’Egalisation des Chances pour les Personnes Handicapées.

1 – Introduction

La mise en place du projet en quelques dates :

En 2002, à l’occasion d’un séjour d’été, Mr Alain Gébert, Sourd d’origine mauricienne et professeur de LSF à l’INJS de Paris, prend la mesure de la mise en danger de la Langue des Signes Mauricienne, minoritaire et émergente, et de la culture qu’elle sous-tend. En effet, sous l’influence grandissante de la Langue des Signes Américaine (ASL), elle est menacée de disparition.

En 2003, Alain Gébert, avec l’appui de la présidente de l’ONG locale, la Society for the Welfare of the Deaf, démarche le gouvernement mauricien afin de l’alerter. Il produit et soumet à ce dernier, un rapport établi suite à sa mission d’observation effectuée en février 2003. Au retour de cette mission, Alain Gébert demande au directeur de l’Institut National de Jeunes Sourds de Paris de l’époque, de bien vouloir inscrire la démarche du projet dans un cadre institutionnel avec l’institut, à travers la signature d’une convention.

Le 23 mai 2003, le projet le projet de développement de la Langue des Signes Mauricienne est adopté en Conseil des Ministres à l’île Maurice. Cette décision s’inscrit dans le cadre du Programme d’Action de l’Union Africaine pour la Décennie des Personnes Handicapées.

En février 2004, Alain Gébert réalise une étude comparative des langues des signes qui va permettre de tracer les grands axes de réalisation du projet de dictionnaire.

Le 11 mars 2005 une convention de partenariat est signée entre le gouvernement mauricien, l’Ambassade de France à l’île Maurice, l’Université de Düsseldorf en Allemagne et l’INJS de Paris.

Alain Gébert est alors nommé  responsable du projet, au titre de l’INJS de Paris, et réalise le premier tome du Dictionnaire de MSL avec Dany Adone, linguiste de l’Université de Düsseldorf et d’origine mauricienne. Cette dernière en rédige la partie grammaticale. Alain Gébert s’occupe de la partie lexicale.

 

2 – Recherche et méthodologie

De 2002 à 2005, à raison de plusieurs missions annuelles programmées sur ses périodes de congés, Alain Gébert rassemble les Sourds de la communauté locale, se charge de recueillir des corpus, de les analyser, d’en extraire des signes, de les faire valider par les Sourds eux-mêmes avant de les illustrer pour la publication. Toutefois, au cours de ces 3 années, sa méthodologie évolue. Si au départ il utilise des images européennes afin d’obtenir des locuteurs locaux le lexique afférent en MSL, il les abandonne bien vite au profit d’images ou de photos tirées du contexte culturel mauricien. En effet, au hasard d’un signe à renseigner, celui de [POISSON CAPITAINE], le signe composé obtenu est différent de celui énoncé dans une production spontanée. Alain Gébert décide alors de renseigner la langue exclusivement à partir de corpus vidéo enregistrés en contexte auprès de locuteurs locaux.

Si cette méthode demande davantage de temps, elle n’en demeure pas moins celle qui renseigne la langue au plus près de son authenticité via son expression spontanée. Ainsi revue et corrigée, elle permet d’établir un lien entre la gestualité mauricienne et certains signes de la MSL qui y puisent ses racines. En effet, l’île a traversé plusieurs périodes d’occupation. Elle a connu l’apport d’esclaves venus d’Afrique, de travailleurs engagés originaires de l’Inde. Ce brassage des cultures et la diversité des langues en présence ont laissé émerger une gestualité naturelle entre les populations mises ainsi en contact, y compris parmi la population sourde qui s’en est emparée. Des signes tels [se sauver] ou [punir] en sont issus.

Cette méthode qui a l’avantage et le mérite de renseigner la langue à sa source, et ce, dans son contexte culturel, reste la seule utilisée encore à ce jour.

Enfin, Alain Gébert réalise la maquette finale du premier tome du Dictionnaire de MSL avant d’en confier la publication à une maison d’édition mauricienne.

3- Actions parallèles au projet de dictionnaire

 

En voici quelques-unes parmi les principales :

  • la valorisation de la MSL et de la culture sourde mauricienne avec :
  • la conception et diffusion de clips vidéo présentés à la MBC dans le but de sensibiliser la population mauricienne au MSL en 2005. (INJS de Paris)
  • la transcription et production de l’Hymne National en MSL présenté la première fois à l’occasion de la Fête de l’Indépendance le 12 Mars 2005 et diffusé à la MBC. (INJS de Paris)
  • la transcription et réalisation d’une affiche de la prière du matin en MSL en 2005 (INJS de Paris)
  • des actions de formation avec :
  • la formation des enseignants entendants en co-animation avec les professionnels Sourds préalablement formés Février 2006 (INJS de Paris)
  • la formation de formateurs Sourds de MSL Avril 2006 (INJS de Paris)
  • la formation pédagogique des enseignants entendants des écoles de sourds Avril 2006 (INSHEA de Suresnes)
  • la formation des formateurs Sourds à la linguistique appliquée à la Langue des Signes sur le modèle de l’iconicité en juillet 2006 (Université Paris 8 et INJS de Paris)

– des actions de sensibilisation accessibles en MSL avec :

  • un workshop sur le sida Août 2005 (INJS de Paris / PILS / SWD)
  • un workshop en MSL la Constitution et la Loi Mauricienne en 2007 (INJS de Paris)
  • des visites de Musées en 2007: Histoire Naturelle et Citadelle à Port-Louis, Aventure du Sucre, Mahébourg, Aapravasi Ghat Samedi 10 Mars 2007 (INJS de Paris).